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d''encre et de papier
22 mars 2009

la vague

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la vague

Petite expérience de fascisme...
Un film de Dennis Gansel, avec Jürgen Vogel, Christiane Paul...
Titre original : DIE WELLE (Allemagne)
Genre : Drame - Duree : 1H48 mn
Distributeur : BAC Films - Editeur DVD : Bac Vidéo
Sortie à la Vente en DVD le 22 Septembre 2009
Sortie en salles le 04 Mars 2009
Année de production : 2008

En Allemagne, aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée propose à ses élèves une expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d'un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les conséquences vont s'avérer tragiques.

À l’automne 1967, Ron Jones, un professeur d’histoire du lycée Cubberley à Palo Alto (Californie), conduit une expérience avec sa classe. À l’occasion d’un cours sur le nazisme, un de ses élèves lui pose une question à laquelle il est incapable de répondre : “Comment le peuple allemand pouvait-il ignorer le génocide des juifs ? Comment les citadins, les cheminots, les enseignants, le corps médical, comment tout ce monde-là a-t-il pu revendiquer ne rien savoir des camps de concentration ? Comment des gens qui étaient les voisins, et peut-être les amis des citoyens juifs, ont-il pu prétendre qu’ils n’avaient rien vu ?” Ron Jones décide, sur un coup de tête, de mener une expérience. Il instaure dans la classe un régime de stricte discipline, restreignant la liberté de ses élèves et transformant la masse en un seul corps. Le mouvement est appelé “La troisième vague”. À la grande surprise du professeur, la classe réagit plutôt bien à la contrainte d’obéissance qui lui est imposée. L’expérience, qui ne devait durer qu’une seule journée, va répandre son emprise sur l’école toute entière. Les membres du mouvement commencent à s’espionner les uns les autres, et les réfractaires se retrouvent ostracisés et même tabassés. Au bout du cinquième jour, Ron Jones est contraint de mettre un terme à l’expérience.

Cette histoire vraie a inspiré le roman de Todd Strasser, “La Vague”, qui est, depuis vingt ans, un classique de la littérature de jeunesse et qui figure toujours au programme de nombreuses écoles allemandes. Véritable phénomène de société, l’adaptation cinématographique de Dennis Gansel a réuni plus de 2,5 millions de spectateurs outre-rhin.
Le phénomène de l’obéissance extrême


Aujourd’hui encore, le phénomène de l’obéissance extrême à l’autorité, tel qu’on a pu l’observer sous le IIIème Reich, échappe en partie à l’analyse scientifique. Des expériences fameuses ont toutefois été menées, dans le cadre de la psychologie sociale, pour analyser le comportement des individus en situation de groupe. Ces expériences ont produit des résultats troublants. L’une des plus célèbres est celle de la prison de Stanford, menée en 1971. Elle avait pour but d’examiner le comportement humain en conditions d’incarcération. L’expérience Milgram, quant à elle, fut conduite en 1962 sous la direction du psychologue Stanley Milgram. Elle portait sur la faculté des individus à se soumettre à des injonctions contraires à leur conscience ou à leurs convictions. Philip Zimbardo, qui a dirigé l’expérience de Stanford, a récemment établi un parallèle entre ses résultats de 1971 et le traitement récent des prisonniers
irakiens de la prison d’Abu Ghraib. “La notion d’“autocratie” ne désigne, au fond, qu’une sous-catégorie du despotisme, et soulève la question du fascisme.” remarque Dennis Gansel. “Mais un professeur désireux d’expliquer un tel phénomène à ses élèves risque d’être trop explicite en employant d’emblée le terme “fascisme”. “Autocratie” est un terme qui paraît plus inoffensif, bien qu’il désigne les mêmes mécanismes sociaux”.

Les scénaristes du film savaient évidemment combien la question du nazisme est un sujet de premier ordre dans les écoles allemandes. Ils sont repartis de ce constat : “Quand j’allais à l’école, dit Peter Thorwarth, la question des nazis et du IIIème Reich revenait constamment dans les cours, aussi bien en Histoire qu’en sciences politiques, dans les cours de religion, de littérature, ou même de biologie. Au bout d’un moment, en tant qu’élèves, vous commencez à en avoir marre, vous avez le sentiment d’en avoir assez entendu sur le sujet. Il y a une lassitude, qui en découle, et même une certaine arrogance. On se dit : “On a compris, c’est quelque chose qui n’arrivera plus”. Et c’est là que se situe le danger selon moi”.



Interview de Dennis Gansel
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Avec LA VAGUE, vous revenez à la question du nazisme, que vous aviez déjà traitée dans NAPOLA. S’agit-il d’une coïncidence, ou le sujet vous touche- t-il particulièrement ?
C’est un sujet qui m’a toujours intéressé. La question de savoir si le fascisme pourrait réapparaître, et comment ce système fonctionne, m’a toujours fasciné. C’est quelque chose qui est probablement lié à l’histoire de ma famille. Mon grand-père était officier sous le IIIème Reich, et cela a toujours beaucoup tourmenté mon père et mes oncles. Je me suis souvent demandé, quand j’étais jeune, comment j’aurais moi-même réagi dans une telle situation. Avec NAPOLA, j’ai essayé de comprendre comment les choses pouvaient se passer à l’époque, comment les Nazis s’y sont pris pour détourner toute une population du droit chemin. Dans LA VAGUE, la question est : comment pourrait-on s’en voir détourné aujourd’hui ? Quel est le fonctionnement du fascisme ? Serait-il possible à l’heure actuelle ? Une telle chose pourrait-elle se produire à nouveau, dans une école allemande tout ce qu’il y a de plus normale ?

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans l’expérience de la “Troisième Vague”, au point d’en tirer un film ?
Je me rappelle très précisément la première fois que j’ai lu “La Vague” de Todd Strasser. En lisant un tel livre, on ne manque pas de se demander : Qu’aurais- je fait dans une telle situation ? Aurais- je pris part à ce processus ? Bien sûr, on se dit que le contexte est différent, que ces événements ont eu lieu il y a longtemps, dans les années 60 et aux USA. On est tenté de se dire qu’une telle chose ne pourrait se produire dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Nous sommes partis de cette idée en situant le film dans l’Allemagne contemporaine, afin de se demander si, justement, une telle chose serait possible.

En quoi a consisté la préparation du film ? Quelles recherches avez-vous menées ?
Nous disposions des notes originales de Ron Jones, et savions donc très précisément comment s’était déroulée l’expérience. Mais dès lors que nous avons choisi de transposer cette histoire dans l’Allemagned’aujourd’hui, il a fallu l’adapter au contexte qui est le nôtre, un contexte spécifiquement allemand. Peter Thorwarth et moi avons grandi dans des environnements similaires, et sommes repartis de nos souvenirs pour planter le décor du film. Certains des personnages sont inspirés directement de gens que lui et moi avons connus. Des élèves que nous fréquentions, des professeurs que nous avons eus, ou que nous aurions aimé avoir. Prendre appui sur ces bases réelles nous a été d’un grand secours pour développer l’histoire : nous nous sommes demandés, très naturellement, comment ces personnes auraient réagi dans les situations que nous voulions dépeindre.

Diriez-vous que le succès de l’expérience repose avant tout sur la popularité du professeur ?
Bien sûr, le fait que le professeur soit très charismatique rentre en ligne de compte. Il s’agit de quelqu’un qui est par nature un meneur, qui a une forte capacité de persuasion et que les élèves admirent. Mais je crois que le système fasciste qu’il met en place est suffisamment scélérat, d’un point de vue psychologique, pour qu’une telle chose se produise n’importe où et n’importe quand. Prenez des gens qui sont habitués à ne pas avoir voix au chapitre et donnez leur, subitement, une part de responsabilité. Formez une communauté, qui va redéfinir l’identité du groupe d’élèves. Faîtes en sorte de faire disparaître tout ce qui les oppose, en donnant à chacun l’opportunité de se distinguer. Je crois vraiment qu’une telle expérience pourrait fonctionner n’importe où. En particulier dans le cadre de l’institution scolaire. On sait bien comment fonctionne le lycée, comment se hiérarchisent les relations entre les élèves, avec, au sommet, les plus populaires, qui ont un rôle de leader, et une quantité d’élèves plus timides, qui n’arrivent pas à se distinguer. Je suis convaincu que si vous vous emparez d’un système comme celui-ci et que vous le retournez d’un coup, une telle expérience fonctionnerait à nouveau.

Nous vivons aujourd’hui dans des sociétés individualistes. Le besoin de sortir du lot est-il ce qui rend possible une expérience comme LA VAGUE ?
Quand j’étais jeune, je rêvais de pouvoir m’identifier à une cause. Je jalousais mes parents d’avoir connu les mouvements étudiants des années 60, une époque où les jeunes partageaient un objectif commun,essayaient de changer le monde tous ensemble. J’ai grandi dans les années 80-90, dans un monde où les mouvements politiques se comptaient par milliers, mais sans véritable direction commune. Rien, en tout cas, qui puisse vraiment susciter l’enthousiasme. C’est quelque chose qui m’a vraiment manqué, et je crois que les jeunes d’aujourd’hui ressentent la même frustration. Je pense que les gens ont un besoin profond d’assises solides, d’idéaux. La tendance à l’individualisme et à l’atomisation de nos sociétés ne pourra pas fonctionner éternellement. Un tel contexte créé inévitablement un vide, et le danger est qu’un nouveau “isme” se présente pour le remplir. continuellement ce qui serait le plus plausible, d’un point de vue psychologique, pour les personnages. Alors quand Ron Jones nous a confié que le film lui semblait crédible à 100%, nous avons reçu le plus beau des compliments.

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